2014/03/01

PAUSE COUTURE: UN INTERMEDE CREATIF A BEYROUTH

    Une des choses les plus motivantes dans mon apprentissage de la couture a sans doute été le côté « communauté », petits bars à couture à Paris, où je rêvais d’aller alors que je ne savais pas encore mettre en marche une machine à coudre, concours et compétitions en tout genre, salons de la couture, etc… Il n’y a rien de plus simple à partager que le travail manuel.

L'atelier Pause Couture à Clémenceau 
            Et j’avoue qu’en arrivant à Beyrouth, peu d’endroits proposaient ce genre de retrouvailles manuelles. La plupart des cours de couture se faisaient dans un cadre académique qui ne me convenait pas (à part Leyla de The OldFashioned Way qui est retournée à Londres). Je savais à présent mettre un fil dans la machine, mais je me retrouvais seule face à elle.

Jusqu’en Novembre dernier, quand Sabrina a ouvert un atelier de couture dans son appartement de Clémenceau.



Sabrina est une jeune styliste et modéliste française, installée au Liban depuis quelques années. Pause Couture, c’est, comme le nom l’indique, un moment de pause dans la rage du trafic et du chaos beyrouthin, le temps d’aller coudre une pochette, un haut, une robe, tout ce qui nous fait plaisir. Le temps de siroter une tasse de thé (qu’on oublie souvent à moitié pleine sur la table, tant on est concentré sur son travail).

Le petit buffet où on choisit son thé. 

Dans son joli atelier, Sabrina me raconte comment elle est entrée dans le monde de la couture, de son premier pantalon de pyjama jusqu’à l’abandon d’études de droit pour reprendre des études de stylisme à l’école de la chambre syndicale de la couture parisienne.

Dans ton travail, qu’est-ce qui te motive au quotidien ?

La création, l’excitation. J’aime les périodes de collection, [Sabrina est modéliste pour une marque d’habits d’enfants] il y a toujours quelque chose de neuf qui arrive, j’aime voir des nouveaux modèles, voir la transformation du patron à plat au modèle fini. C’est aussi ça qui me motive dans les cours que je donne, chaque élève arrive avec ce qu’elle/il imagine, son idée, et moi je fais en sorte qu’elle/il ressorte avec ce qu’elle/il voulait avoir. Je ne sais pas ce qui m’attend au prochain cours, il n’y a pas de routine.


Ma version en soie indienne du t-shirt de Sabrina Cesari (présenté à droite)






Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Exemples de modèles que propose Sabrina à ses élèves
 Je n’ai pas d’inspiration spécifique. Selon mes humeurs, les périodes de ma vie, mes inspirations ont changé. J’ai eu des périodes tailleurs chanel, robes chasuble, puis  des périodes sarouels, vêtements larges. Je pense qu’on évolue avec la mode mais aussi avec l’âge, la maturité influence nos choix vestimentaires…et le pays aussi ! Maintenant que je suis au Liban, mes goûts ont évolué, et j’aime des choses différentes que quand je vivais en France parce que le style de vie a changé. Je ne peux pas vraiment dire que je suis fan d’un styliste en particulier depuis des années.

 
 Parlant de stylistes, qu’est-ce que tu penses des stylistes libanais, comme Elie Saab, Zuhair Murad ou Rabih Keyrouz ?

 J’aime bien, ils ont souvent des inspirations très orientales. On m’a proposé de travailler avec une jeune créatrice libanaise, et j’avais peur que ce soit trop oriental. J’ai un style plus occidental, et je ne sais pas si je pourrais  mettre la dose de volume, la dose de paillettes qui convient à ce style. Rabih Keyrouz est moins "oriental", d'ailleurs, on a fait la même école à Paris. [C’est aussi de là qu’est diplômé Yves Saint-Laurent]

Est-ce que tu as des petits rituels de couture ?

Je n’ai pas vraiment de rituels, mais  lorsque je couds, je m’enferme dans ma bulle, coupée de ce qui se passe à l’extérieur. Des fois je mets de la musique puis je n’y fais même plus attention.

Tu aurais des conseils à donner à des débutantes ?

Ne pas se décourager. On a l’impression qu’il y a tant de choses à savoir qu’on n’y arrivera jamais. Surtout si on fait une école, on apprend tout en même temps : patrons, couture, termes techniques, tissus. Les années d’expérience font qu’on a un meilleur niveau. Quand on commence à travailler on a l’impression de manquer de technique, mais c’est le temps qui permet de s’améliorer. Il faut garder confiance en soi, et s’y accrocher.

Le blouson, sur ma to-do list. 
            

     Comme métier, c’est une passion. Les créateurs grandissent avec cette passion. On se couche en pensant à ces modèles, on se lève en y pensant aussi. On vit avec ça tous les jours, et tout peut nous inspirer : la télé, la rue, les magazines. C’est un travail non-stop qui prend beaucoup d’énergie, pas le genre d’activité que tu oublies une fois rentrée du bureau. Courage et persévérance, c’est vraiment ça. C’est dur mais parfois, c’est aussi synonyme de satisfaction quand on finit quelque chose qu’on a eu du mal à faire, qu’on a eu envie de jeter par la fenêtre.

Un secret couture à partager?

La règle japonaise donne les centimètres et les angles
La règle japonaise, [rebaptisée la règle magique]. Je la prends partout avec moi, surtout pour dessiner les patrons, mais c’est aussi utile pour la couture, par exemple pour dessiner les marges de couture rapidement. 

 
Quels sont tes prochains projets ?

Un top court, crop en style bustier. Et une robe bustier, et une jupe avec un zip en diagonale et la coupe en biais. Je voudrais proposer un autre modèle de jupe pour mes élèves que celui que je propose actuellement. Je préfère faire mes propres patrons à proposer aux élèves, plutôt que des Burda, où il y a parfois trop de retouches à faire. Je suis passée par une période ou j’avais du mal à faire des choses pour moi, mais les cours me redonnent envie. Faire un prototype comme le haut ou le blouson ça motive les élèves à faire des choses nouvelles. Quand elles le voient, elles ont plus envie de coudre.

Et pour Pause couture ?


Je voudrais ouvrir des séances de modélisme et de dessin de mode, pour apprendre à mes élèves à faire un vêtement de la conception à la réalisation. Je pourrais aussi proposer des stages de découverte du métier.

Merci Sabrina! Pour ceux et celles qui seraient intéressés, vous trouverez toutes les informations sur la page Facebook: https://www.facebook.com/pausecouture

Et bien sûr, la carte vers Pause couture: 


No comments :

Post a Comment